


Qu'est-ce qu'une icône?
C'est une fenêtre ouverte sur l'invisible.
Saint Jean Damascène ( vers 650-750)considère l'icône comme le moyen de parvenir à l'invisible par le visible, c'est à dire de parvenir à la divinité par la médiation du Christ. En effet, l'humanité du Christ constitue le moyen de notre communication avec l'invisible de Dieu. En ce sens, on peut dire que l'icône nous invite à affirmer la vérité de l'incarnation.
Dès les premiers siècles de notre ère, les chrétiens ont gardé chez eux des icônes (du grec eikona, «image ») du Christ, de la Vierge, des premiers saints et des martyrs. Les premières icônes ont été peintes par les apôtres et l'évangéliste Saint Luc a lui-même peint la première icône de la Vierge.
Plus on voit la Vierge, le Christ, les saints... grâce à leur représentation par l'image, plus on est amené à se rappeler et à aimer les modèles originaux et à leurs donner salutation, respect et vénération. Plus ils nous amènent à contempler l'invisible.
Au VIème siècle, les icônes sont présentes partout dans l'empire Byzantin. Elles sont peintes à l'encaustique (cire chaude) ou à la tempéra (peinture à l'œuf), comme l'étaient les peintures funéraires d'Égypte-Romaine telles que nous les connaissons par les portraits du Fayoum.
Se définissant comme un art sacré, l'icône ne cherche pas à traduire des sentiments humains ou subjectifs mais une autre beauté, spirituelle et intérieure. Elle traite l'espace et le temps avec une totale liberté, elle déjoue les règles de perspective pour se placer sur le plan de l'atemporel, du mystère, de l'infini. Sa facture plate vient exprimer ce qui n'est pas soumis aux lois de la pesanteur.
L'icône s'exprime à travers des symboles , elle ne cherche pas à traduire exactement ce qui est vu, et cela se traduit jusque dans sa technique : on pose d'abord les fonds foncés, puis les "lumières" ; c'est à dire que l'icône révèle de plus en plus ce qui est caché, l'invisible !
Alors que "l'art religieux" s'est progressivement orienté vers l'humanisme et l'esthétisme, l'icône, elle, est demeurée fidèle à sa vocation première : exprimer la transcendance.
« Loin d'être pour nous un objet de délectation esthétique ou de curiosité scientifique, l'icône a un sens théologique très net : de même que l'art profane représente la réalité du monde sensible et émotionnel tel qu'il est vu personnellement par l'artiste, l'icône représente la réalité du Royaume qui n'est pas de ce monde, telle que nous l'enseigne l'Église. Autrement dit, elle représente, à l'aide de symboles, ce même monde sensible et émotionnel, délivré du péché, transfiguré et déifié. »
Léonide Ouspensky